Campagne choc

Les scandales du Congo Belge

La Belgique et ses colonies : quelles conséquences aujourd’hui ?

La Belgique et ses colonies    La Belgique et ses colonies

Ces scènes vous choquent ? Vous n’aimez pas ? Tant mieux ! Pourtant, il fut un temps, pas si lointain, où elles semblaient normales. Nous aimerions croire que le racisme, la haine de l’autre et la condescendance du Nord envers le Sud sont chose du passé, mais il n’en est rien.

Civitas : qui se cache derrière l'association catholique devenue un parti politique ? https://www.rtl.fr/actu/politique/civitas-qui-se-cache-derriere-l-association-catholique-devenue-un-parti-politique-7783901433 «"Messire Dieu, premier servi" Étude sur les conditions de la prise de parole chez les militants traditionalistes de Civitas https://www.cairn.info/revue-politix-2014-2-page-59.htmL’extrême droite prolifère toujours aujourd’hui, les partis nationalistes gagnent du terrain un peu partout dans le monde, le fanatisme religieux devient la norme comme en atteste l’apparition des affiches Civitas sur les campus (« contre la dictature démocratique »). Ces idéologies redeviennent « normales ». On ne s’étonne plus de voir les Lepen au second tour des présidentielles françaises, des millions d’Américains voter Trump, la Hongrie ou la Pologne glisser vers l’autocratie, la Flandre se demander si l’on peut gouverner avec l’extrême droite… On finit par ne plus oser parler religion par peur. Ces faits sont-ils plus ou moins choquants que ces vieilles photos ?

Nous aimerions croire qu’il est préférable de fermer les yeux sur ces dérives autoritaires et d’en faire de simples faits divers, mais cela revient à banaliser ce type d’actes destructeurs et infamants.

Au Service Volontaire International, organisation de jeunesse, nous considérons qu’il est essentiel de porter un regard critique aussi bien sur notre présent que notre passé, car comme l’affirmait Churchill, « un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». Nous n’oublions pas.

Le racisme, le fascisme et l’obscurantisme ne doivent pas devenir des banalités !

Il était une fois, en 1885, plusieurs grands messieurs européens qui décidèrent de se réunir dans une salle pour se partager le contrôle du continent africain. Parce que pourquoi pas ! L’objectif était de réduire les tensions qui existaient entre les différentes puissances dominatrices et de fixer les règles de la colonisation. Au cours de ce grand congrès, qu’on appela la conférence de Berlin, le roi des Belges, Léopold II,v  parvint, au moyen de nombreuses négociations exécutées en sous-main dans les coulisses de la conférence, à se faire attribuer le territoire du Congo qui devint sa propriété personnelle. Une jolie petite résidence secondaire de 2,3 millions de km², dans laquelle il ne mettra jamais les pieds. Encore une fois, pourquoi pas !

Accrochez-vous, c’est là que ça se gâte. Monsieur Léopold n’étant pas du genre partageur, il n’appréciait guère le fait que les populations indigènes (qui vivaient sur SON territoire, rappelons-le) s’amusent à ne pas récolter les ressources naturelles locales au profit de la couronne belge. S’ensuivit alors l’un des plus grands massacres de l’Histoire, au cours duquel les Congolais qui refusaient d’extraire le caoutchouc et l’ivoire du pays, ou bien n’en extrayaient pas assez, subissaient torture, mutilation et meurtre.

L’affaire des « mains coupées » est un exemple flagrant de l’horreur que connut la population locale. Les colons étaient en effet sommés de couper une main à chaque individu abattu par balle, dans le but de conserver une preuve justifiant chaque munition dépensée (dans certains cas, des mains furent aussi coupées sur des personnes vivantes pour justifier des balles utilisées autrement). Bien sûr, ce n’est pas tout. Des femmes furent aussi violées et des villages entiers furent brûlés. Certains évaluent aujourd’hui à 10 millions le nombre total de victimes, d’autres considèrent que les pertes ne sont même pas quantifiables.

Tout cela se poursuivit jusqu’à ce que Léopold II lègue sa propriété privée à l’État belge à sa mort en 1909. Cette violence diminua alors progressivement, mais ne cessa réellement qu’en 1960, année où le Congo obtint enfin son indépendance.

Mais alors, quels prétextes pouvaient bien légitimer de telles exactions ? Des motifs économiques ? Bien sûr. Le roi des Belges s’était d’ailleurs bien vite empressé de s’accaparer et revendre les terres des populations locales à diverses sociétés privées. Mais au-delà de ça, y avait-il une autre motivation de la part des colons ? Oui, celle de la civilisation. Il fallait à tout prix apporter la lumière à ces pauvres gens qui vivaient dans l’ombre de leur culture primitive. Il incombait aux Européens la noble tâche consistant à éduquer ces ignares.

Bien sûr, nombreux étaient ceux qui adhéraient à ce mode de pensée en toute bienveillance. Beaucoup d’Occidentaux sont vraiment partis pour apporter de l’aide aux communautés locales en considérant faire le bien (construction d’hôpitaux, d’écoles, etc.). Mais il semble difficile d’affirmer que les colonisés ont réellement bénéficié de ce paternalisme « bien intentionné » qui les plaçait en position de victimes en détresse, incapables d’agir et de se défendre par leurs propres moyens. Cela s’inscrivait donc également dans une forme de pensée coloniale qui découlait du même racisme systémique qui avait abouti aux violences décrites précédemment.

Certes, aujourd’hui, ces horreurs sanguinaires ne sont plus d’actualité. Mais la croyance selon laquelle la culture européenne serait fondamentalement supérieure à la civilisation congolaise (et africaine de manière générale) est encore très présente. Il n’y a qu’à observer la façon dont certaines agences de volontourisme vendent leurs soi-disant projets humanitaires en Afrique. Ces missions sont présentées comme des actions salvatrices au cours desquelles un jeune volontaire occidental va permettre à des communautés dites « dans le besoin » de prospérer et de se développer grâce à son aide « inestimable ». En réalité, ce jeune plein de bonnes intentions mais un peu naïf va surtout permettre à l’agence de voyage qui l’a fait partir de s’enrichir grassement sur le dos des populations locales qui ne bénéficieront guère de l’assistance du volontaire. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur le volontourisme, nous vous recommandons de consulter cette page de notre site internet, ou bien de regarder ce reportage sur le sujet.


Pensez-vous que la colonisation ait réellement disparu de nos jours ? Sous quelles formes, selon vous, est-elle encore présente ? Nous considérons que le premier pas vers la guérison des plaies laissées par la colonisation est la reconnaissance des faits commis par les États dominants. Quelle est votre opinion ?

Nous sommes le Service Volontaire International. À travers le volontariat, nous cherchons à inciter les gens à porter un regard nouveau et critique sur le monde qui les entoure, sur les choses qui les indignent et sur celles qui ne les étonnent même plus. En tant qu’Organisation de jeunesse accréditée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, notre mission est de former des CRACS : des citoyens responsables, actifs, critiques et solidaires.

Donnez-nous un coup de main !

Sources: