« L’incapacité patente de la culture occidentale à comprendre et à prendre au sérieux l’expérience acquise des autres cultures, dont certaines ont su apporter aux questions de survie des réponses radicalement différentes des siennes, constitue l’un des plus graves dangers pour l’avenir de notre planète». Terrence Heath
Lorsque vous vous apprêtez à partir en volontariat, il est important de vous préparer au choc culturel qui peut éventuellement vous toucher. Soyez aussi conscients des stéréotypes qui peuvent vous régir, des différences culturelles qu’il peut y avoir d’un pays à l’autre, sans pour autant juger l’autre et les différences qui vous séparent. Vous allez rencontrer des personnes issues d’autres horizons: tenez donc compte du fait que si vous avez des préjugés les concernant, il est fort probable qu’il en aille de même pour eux à votre égard.
Participer à un chantier international (aussi grande que soit votre motivation) requiert tout de même une certaine faculté d’adaptation. En effet, votre destination vous imposera sûrement un nouvel environnement dans lequel vous n’avez jamais mis les pieds. Une adaptation aux mœurs, au mode de vie et même au climat local est nécessaire afin que vous puissiez pleinement vous épanouir dans votre projet. Ces changements qui vous attendent peuvent être déroutants et s’exprimer par de l’anxiété ou du stress, mais ne paniquez pas, il est tout à fait normal que la perte de repère et de milieu familier soit difficile à vivre dans un premier temps. Cependant, ce changement de milieu est un défi passionnant que vous avez voulu!
Comment se manifeste le choc culturel ?
Le « choc culturel » touchera certainement les volontaires quelques semaines après leur arrivée à l’étranger. Les spécialistes des sciences sociales s’entendent pour établir 5 phases du choc culturel:
- Phase 1 : « La lune de miel ». Cette phase se déroule dans les premières semaines de votre arrivée et se caractérise par un état d’euphorie et d’excitation qui se manifeste devant les nouveautés offertes par la nouvelle culture. Le volontaire découvre un nouveau pays, les autres volontaires, une nouvelle ambiance, etc.
- Phase 2 : « La période de désillusion ou choc culturel ». Cette phase se déroule dans les deux premiers mois de votre arrivée. Bien que pénible, cette phase n’est que transitoire. Vous tenterez alors de vous adapter à cette nouvelle culture qui est bien différente de notre culture européenne. Il vous arrivera de vous sentir irritable, impatient, mécontent, colérique, triste et même peut-être dans l’incapacité d’accomplir certaines tâches. Souvent, des sentiments très forts de découragement et d’insatisfaction s’installent. Il faut garder à l’esprit que le processus de transition n’est pas facile et peut prendre du temps. Ne perdez pas courage! Efforcez-vous de comprendre ce qui se passe autour de vous sans juger tout de suite. Prenez votre temps !
- Phase 3 : « La période d’immersion ». Après environ 6 mois (avec des variations selon les individus), vous allez retrouver les sentiments de plaisir et de bien‐être car vous devenez de plus en plus connaissant du nouvel environnement. L’effet de vous sentir « perdu » se remplace par l’effet de vous sentir plus en contrôle de votre environnement. De plus, vous développerez un meilleur équilibre psychosocial.
- Phase 4 : « La période de réalisation ». Avec le temps, vous serez en mesure de réaliser les bons et les mauvais côtés de la nouvelle culture et du nouvel environnement. Ayant réalisé cela, vous serez en mesure d’établir des objectifs clairs en lien avec votre nouveau milieu de vie duquel vous pourrez en tirer des satisfactions personnelles et professionnelles.
- Phase 5 : « Le choc culturel inversé ». Au retour, vous devez garder en tête qu’il est possible que vous éprouviez certaines difficultés à vous réintégrer dans votre milieu d’origine et que parfois vous vous sentiez incompris par vos proches.
Conseils et astuces :
Voici quelques conseils que nous donnons aux futurs volontaires afin de prévenir le choc culturel:
- Avant le départ, informez-vous bien sur votre pays d’accueil. Nous mettons à votre disposition, dans notre bibliothèque en ligne toute une série de documents qui vous permettront d’avoir un aperçu du pays et nous vous encourageons à approfondir les sujets qui vous passionnent le plus. Cette séquence d’information avant le départ évitera la désorientation à cause de la perte de vos repères habituels et la frustration qui peut s’en suivre. Il est également possible de participer à notre weekend de formation pré-départ dans lequel nous abordons ces sujets.
- Si vous vous préparez mentalement au choc culturel qui vous attend, vous le vivrez beaucoup mieux. C’est un signe de dépaysement et pour certaines personnes, c’est ce qu’il y a de plus difficile en voyage. Cependant, si vous voulez aimer le pays qui vous accueille, vous devez réussir à le dépasser.
- Soyez patients avec vous-mêmes, l’adaptation est graduelle et exige donc du temps.
- Évitez les jugements hâtifs de cette culture qui est différente de la vôtre. Soyez ouverts d’esprit et flexibles. Allez vers les gens, posez-leur des questions, soyez curieux. Une telle attitude évite l’isolement et facilite l’adaptation. Ce processus ne se fera pas du jour au lendemain, mais avec de la patience et de l’insistance vous vous sentirez très vite à votre aise.
- L’adaptation nécessite des ajustements de votre comportement de tous les jours et implique de nombreux apprentissages. Par ailleurs, vous risquez bien de vous redécouvrir sous un nouvel angle et de vous trouver des aptitudes jusqu’ici insoupçonnées.
- Si vous montrez que vous voulez apprendre et que vous ne jugez pas la nouvelle culture qui vous entoure par rapport à la vôtre, si vous restez ouvert d’esprit et ne vous repliez pas sur vous-même, vous verrez que vous arriverez à vous constituer petit à petit un réseau social. Du coup, vous vous sentirez moins impuissant et plus compétent. Vous trouverez un juste milieu entre vos valeurs et les valeurs que vous découvrez dans la société d’accueil, de façon à ce que le nouveau devienne habituel.
- Restez en contact avec votre famille et vos amis. Écrivez-leur à propos de vos expériences et de vos problèmes. Cela vous aidera à y voir plus clair. Noter ses idées et impressions au quotidien dans un bloc-notes peut s’avérer être utile lors de votre retour chez vous. Mais ne vous enfermez pas dans vos correspondances avec vos proches, sachez vous ouvrir à votre structure et votre pays d’accueil ainsi qu’aux autres volontaires.
En bref, le choc culturel peut parfois s’avérer difficile à gérer pour certains volontaires, même si pour d’autres il semblera tout de suite très positif. Il ne doit cependant pas devenir un obstacle infranchissable, ni vous empêcher de vous épanouir au sein du projet auquel vous prenez part. Toute personne partant à la découverte d’un pays qui lui est étranger, indépendamment de la distance le séparant de chez lui, subit d’une manière ou d’une autre un choc culturel plus ou moins intense. Prenez le temps de vous adapter au monde qui vous entoure, cela rendra votre voyage d’autant plus passionnant. Ce dépaysement momentané et la rencontre de nouvelles cultures sont en tout cas très enrichissants et riches en émotions.
À votre retour, vous aurez fait un travail sur vous-même, vous vous serez découvert de nouvelles facettes, aurez appris à être plus ouvert d’esprit et à moins juger au premier abord. Vous aurez appris à communiquer votre point de vue tout en comprenant les autres manières de penser. Vous saurez respecter les différences de l’autre, lui montrer que vous n’êtes pas là pour imposer votre point de vue ou venir sauver la communauté. Au contraire, vous êtes là pour vous impliquer, apporter un soutien de façon à construire ensemble un projet durable. Vous aurez montré, qu’avec le SVI vous avez appris à devenir un CRACS (citoyen responsable, actif, critique et solidaire).