De la compassion à l’action : Le voyage transformateur d’Adele Cusse au Kenya
Suite à son projet de volontariat au Kenya notre volontaire Adele Cusse a écrit un texte surprenant (et aussi grand, ayez la patience de le lire). Elle est vraiment éprise de ce projet et de tous ses acteurs. Et sachant qu’elle y revient dans un mois accompagnée de sa mère!
Bonjour à tous est à toutes,
Avant toute chose, je voudrais que vous soyez au courant de la galère que j’ai actuellement pour commencer cette lettre !
C’est vrai quoi ! C’est super dur de trouver les bon mots qui vous donnerons envie de lire la suite de cette aventure qui m’a amenée aujourd’hui à vous écrire…
Je ne me sens pas plus légitime de raconter mon histoire que vous, mais il y a peu, je me suis rendue compte du pouvoir que j’avais. J’ai ouvert les yeux sur le fait que chaque être humain à quelques choses à apporter sur cette planète. Nous avons tous une mission à accomplir ! Qu’elle soit grande où petite, qu’elle évolue au fil du temps où qu’elle reste toujours la même, nous sommes tous essentiel quelque part !
Alors, après avoir compris ça et étant revenue d’un voyage humanitaire avec le SVI, j’ai décidé que ma mission cette année serait de me battre pour des orphelins à l’autre bout de la planète !
Ah oui et au fait, je m’appelle Adèle Cusse, j’ai 22 ans et j’habite à Tournai. Je suis actuellement en pleine année sabbatique en travaillant dans un champ d’asperges entre deux voyages. Cette année, j’ai décidé de la prendre afin de me permettre de réfléchir à ce que je veux réellement faire dans la vie…
Comme vous le savez déjà surement, notre société et fan du : « vite vitevite, trouve ta voix », « tu perds du temps là » ! Mais comment réussir à trouver ça voix sans se connaitre réellement soi-même ?
Le système scolaire n’est malheureusement pas conçu pour apprendre à nous connaitre… A la sortie de mes secondaires, je me suis retrouvée tellement perdue que j’ai pris l’option de monsieur et madame tout le monde « les études supérieurs » en choisissant pif paf pouf « t’inquiète je gère ! »Comme de juste, je me suis vite plantée.
Certain diront que c’est un échec, pendant que d’autres (comme moi) comprendront qu’il faut passer par là pour devenir la personne que nous voulons être. En bref, aucun regret de ces belles années qui m’ont tant apporté !
Vous êtes surement entrain de vous dire : « Pourquoi elle nous raconte ça celle-là ? »
J’avoue, je vous raconte ma vie ! Mais je trouvais ça essentiel de vous expliquer mon parcours afin que vous sachiez que je suis une personne banale, comme vous, qui cherche juste un sens à sa vie pour être pleinement épanouie !
Comme vous l’avez surement compris, je suis partie en volontariat pendant 2 mois.
Quand ? De novembre à décembre 2023
Où ? Au Kenya
Avec qui ? Mon amie Emma
Pourquoi faire : Animer des enfants dans un orphelinat
On m’a donc demandé de vous raconter ce voyage qui m’a fait évoluer mais je ne sais strictement pas par où commencer…
Alors, commençons donc par le commencement :
Me voilà donc avec mes billets réservés, vaccins faits, passeport en mains, Visa commandé,… Je ne peux donc plus reculer !
Mes pensées à ce moment là ont été : mais qu’est ce que tu fais encore ma dedelle ? (oui c’est mon surnom, pas de jugement) Pourquoi tu t’es encore foutue dans ce pétrin là toi ?
Vous vous en doutez, plein de stress, d’angoisses, de questions,… son arrivée d’un coup dans ma petite tête (elle est déjà pas fort grande mdr)
Est-ce que je vais me faire arnaquer par des gens là-bas ?
Est-ce que je vais m’habituer au choc culturel ?
Est-ce que je vais m’en sortir en ne parlant quasiment pas Anglais ?
Est-ce que ma famille d’accueil sera gentille ?
Bref, tant de questions qui resteront sans réponse tant que nous ne seront pas arrivés là-bas…
Alors nous voilà parti (Emma et moi) avec sac à dos, valises direction Kenya yepaaaaaaa
Notre voyage en avion, c’est très bien passé. Notre séjour explicatif à Nairobie aussi.
Alors, nous voilà parti pour Nanyuki où se trouve l’orphelinat ainsi que la famille d’accueil à 4 heures de matatu (mini bus) de la capitale.
Une fois arrivées à notre station, c’est le stress car en temps que blanches, nous sommes vite repérées et considérées comme riches ! Donc tous les vendeurs ambulants (et il y en a beaucoup) qui essaye de vendre leurs biens à bibi évidemment. Alors vous imaginez bien qu’en ne parlant quasiment pas anglais c’était un peu la galère… No thankyou et I don’tunderstand étaient donc mes meilleurs amis !
Une fois arrivée dans la famille d’accueil (avec deux enfants de 6 et 8 ans), la pression est retombée.
Nous avons été très bien accompagnées lors de chaque étape de notre périple, l’association là-bas nous à bien encadrée ! Nous avons était bien accueilli dans notre famille. C’est donc parti pour deux mois d’aventure. Enfin c’est ce que je croyais.
Je pensais à ce moment là que le plus dur était derrière moi, arrivée jusque là sans se perdre était déjà un miracle alors que pouvait-il nous arriver de plus dur maintenant ?
J’ai totalement oublié de calculer mon facteur sensibilité fortement prononcé surtout en l’absence de mes repères familiaux et culturels.
Alors, une fois mon arrivéeà l’orphelinat, je n’ai eu d’autres choix que de laisser mes larmes coulées! J’ai eu honte de ne pas savoir me retenir en voyant les conditions dans lesquelles ces enfants vivaient !
J’ai été choquée, offusquée, révoltée, tant d’émotions m’ont parcourue ! Je me suis sentie mal de savoir ces enfants dans un tel inconfort…
Je pensais que j’étais prête psychologiquement à affronter ça, car je savais très bien que les conditions n’étaient pas les mêmes que par chez nous ! Mais le voir de mes propres yeux n’était pas comparable à l’idée que je j’étais prête à affronter ! Vous vous en doutez, j’ai donc mis plusieurs jours à m’habituer. Ce qui m’a value un début de voyage très incertain… En ayant toujours cette question qui trotte dans ma tête : « Qu’est ce que je fais là moi encore ? ».
Après avoir échangés de nombreux messages et appels avec ma maman restée en Belgique, je me suis rendue compte que le déroulement de mon aventure, ne dépendait que d’une seule personne « moi ». Cela peut paraitre un peu égocentrique dit comme ça mais j’avais deux choix qui s’offraient à moi :
- Subir cette expérience en restant bloqué sur les conditions de vie de ces enfants
- Faire tout mon possible pour leur apporter de l’amour, de l’attention, des occupations et du changement pendant la durée de mon séjour.
J’ai donc décidé de choisir la deuxième option. Je savais pertinemment que je ne changerais pas grand chose pour ces enfants. Qu’une fois partie, je serais vite oubliée mais l’essentiel était d’apporter ma goutte d’eau pour éteindre le feu (comme le petit colibri de Pierre Rahbie pour les connaisseurs). Bref, j’ai donc décidé d’accepter le fait que ces enfants avaient un simple trou pour uriner, pas de fenêtre dans leur chambre, pas d’essuie, ni brosse à dents, pas de papier toilette, pas d’accès aux savoirs en rentrant de l’école, pas d’amour ni d’affection, pas de nourriture variée, pas d’eau chaude,…
Et de vivre mon aventure à fond, au jour le jour en espérant apporter un petit grain de bonheur dans leur univers.
J’ai également décidé chaque jour d’écrire mon ressenti, mes émotions, les évènements vécus durant la journée, mes réflexions, dans un journal de bord. Cela m’a grandement aidé à surmonter les jours plus difficiles. Car lorsque je me suis retrouvée loin de ma routine, de mes repères, de ma famille, je me suis rendue compte que j’étais dans une instabilité qui me perturbait !
Je ne vais pas vous faire croire que j’ai vécu une aventure parfaite comme on peut le voir sur instagram. Mais je n’oublierais jamais ces moments de joie et de bonheurs que j’ai partagés avec ces enfants.
Je me souviens des fous rires que j’ai eu avec Mambie, des lunettes échangées avec Lucie, des dessins faits par Kadija, des danses avec Asha,…
Je suis passée par pleins d’étapes qui eux même m’ont fait passer par des émotions intenses. Ca peut paraitre cliché de dire ça mais j’ai vécu des hauts et des bas. J’ai ressenti, de la joie, de la tristesse, du bonheur, de la peur,…Je me suis rendue compte à quel point j’avais de la chance de vivre dans un pays libre et riche dans lequel le choix de mon métier ne m’est pas dicté, d’être né dans une famille unie avec laquelle je n’ai jamais manqué de rien, et d’avoir eu tout l’amour et l’affection que j’avais besoin.
Mais je sais aussi que sans cette expérience, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui ! Cette aventure humaine est conseillée à toutes les populations de cette planète. Alors, je compte sur toi ! Si tu lis cette newsletter, et que tu hésites encore après le pavé que je viens de te balancer, je ne comprends plus rien !
Je sais que tu as peur, et c’est une réaction toute à a fait normale (c’est même rassurant car cela veut dire que tu es encore un être-humain) mais le tout est de se lancer, le reste viendra tout seul !
Ton aventure ne sera pas parfaite, mais cela ne t’empêchera pas de kiffer ! Faits toi confiance et passe le pas !
Je l’ai fait et sans aucun regret. Dés mon retour, j’ai décidé d’ouvrir un crowdfunding afin d’aider ces enfants ! Celui-ci ce clôture le 26 mai et à l’objectif de récolter 2000 euros pour l’amélioration de leur conditions de vie.
J’irais leur apporter cet argent lors de mon retour là-bas au mois de juin !
Qui c’est ? Ce sera peut-être l’occasion pour une nouvelle newsletter…
Le conseil de fin que je peux te donner et de ne pas n’hésitez pas a semer des graines de bonheur et de bienveillance partout dans le monde ! C’est « cucu »je sais mais si chacun essaye, je suis sûre qu’on éviterait de nombreuses frustrations !
Alors fonce et amuse toi ! La vie est trop courte pour les regrets !
Adèle